Marcella Bissonnet, les contes des 1001 vies
Marcella Bissonnet est écrivain, mais aussi peintre, sculptrice, globe-trotteuse, femme de diplomate ou encore judokate… Entre autres. Toutes ces vies, cette grande dame cannoise les raconte dans son livre Fragments d’une vie vagabonde. Il est vrai qu’en 101 ans, son âge, on peut en faire des choses…
Dans cet appartement cossu d’un immeuble historique de Cannes, près de la Croix des Gardes, le temps s’est arrêté. Mais pas la vie. À 101 ans, Marcella Bissonnet continue de la fréquenter avec passion(s). Elle nous reçoit enjouée et en pleine forme, entourée de l’affection de sa fille Catherine et de sa dame de compagnie Hélène. Les superbes tableaux au mur sont signés de son père, un artiste-peintre français pour lequel elle professe une admiration peu rancunière puisque ses parents l’ont abandonnée lorsqu’elle avait 6 ans : «J’ai trouvé le bonheur chez mes grands-parents malgré le contexte de Malle raciste, puis de la guerre ». Elle grandit, puis devient une jeune femme qui s’éprend dans les ruestomaines d’un jeune diplomate canadien à qui elle ne donne pas «8 et demi » mais bel et bien 10 « Teci a été l’homme de toute ma vie. D’abord sentimentalement, évidemment, mais aussi parce que c’est grâce à sa profession que nous avons parcouru le monde, ce quia été pour moi une source inépuisable de bonheur. Et quoi de mieux que la découverte ?»
C’est dans des ateliers d’écriture à Cannes que Marcella Bissonnet, 101 ans, apprend l’architecture d’un texte.
Des tatamis au toit du monde
Toutes ces découvertes et les aventures afférentes, Marcella a choisi de les raconter dans un livre savoureux, empli d’anecdotes : Fragments d’une vie vagabonde, écrit à l’aube de son centenaire, nouvelles confessions d’une enfant d’un siècle.
L’écriture, un exercice qui ne lui était pas inconnu puisqu’elle a débuté sa carrière d’auteur à 80 ans ! Et qui plus est avec des romans policiers. «Ma maman a découvert les ateliers d’écriture de Cannes, sourit Catherine, et elle a immédiatement été séduite par l’atmosphère et le plaisir de « un talent de conteuse qui s’exprime dans son livre ; bien aidé par une vie hors-norme » partager avec d’autres personnes. Et elle adore les crimes ! Enfin, dans les livres (rires)..,»
C’est dans ces ateliers que Marcella apprend l’architecture d’un texte et comment appâter le lecteur : connaissances qui s’ajoutent à ses qualités naturelles de conteuse. Un talent qui se déplie dans son livre, bien aidé par une vie hors-norme : le Tibet et l’Everest découvert et gravi à 80 ans, une ceinture marron de judo au Japon. On séjour apocalyptique dans le Karachi de l’après-guerre avec la perte d’un jeune enfant et un autre plus lumineux en Argentine (« Mon pays préféré, une vie douce où se mélangent influente européenne et civilisation sud-américaine »), un voyage en Chine avec un bouddha du XV, siècle caché dans la culotte au retour pour passer la douane, pratique talentueuse et remarquée de la peinture et de la sculpture et bien d’autres aventures.
Et la dernière (?) n’est pas la moins chère à son coeur puisqu’il s’agit de son installation à Cannes: «Je ne connaissais pas plus que cela mais il me semblait que c’était une ville qui correspondait à mes envies, taille humaine mais très moderne, propre, une population élégante et ouverte. Je suis comblée sur tous les points, j’adore Cannes ! Et son maire que je trouve formidable, un homme actif qui tient ses promesses. » Le coeur parfois a ses raisons que la raison confirme.